Ils sont arrivés au sommet !

Ils sont arrivés au sommet !

Théophile et Victor se sont lancés un pari fou...

Gravir le Kilimandjaro (5 895 m) avec une jambe attachée à celle de l’autre.
L’objectif : illustrer le défi de vivre avec une CMT et faire connaître la maladie...

Théophile et Victor ont créé une cagnotte au profit de CMT-France :

C’est par ici !

Retour sur une aventure extraordinaire...
Journal de bord du Ki-lié-mandjaro

Amis depuis le lycée, Théophile et Victor partagent tous les ans une aventure un peu loufoque... : ascension du mont Ventoux en brouette, descendre une rivière sur un cygne gonflable, etc.
Cette année, ils ont gravi le sommet du Kilimandjaro (5 895 m) avec une jambe attachée à celle de l’autre.

Pourquoi ? Pour améliorer la vie des patients CMT en sensibilisant le grand public à cette maladie !
● Pour la forte symbolique, car cette aventure impliquait les pieds qui sont le plus souvent touchés par la maladie de Charcot-Marie-Tooth. Mais ce lien physique à nos pieds était également une manière d’exprimer la nécessité de rester ensemble et de se serrer les coudes face aux difficultés, soulignant ainsi l’importance d’une association de patients comme CMT-France.
● De grands défis peuvent être surmontés même lorsque la mobilité est limitée.
● Le Kilimandjaro est une montagne mythique que tout le monde connaît « de nom », l’idée était de l’escalader d’une manière originale pour mettre en lumière la maladie de Charcot-Marie-Tooth.
● Récolter des fonds pour soutenir les actions de CMT-France :
Cagnotte leetchi

Un défi, des conditions !

● Aucun pas vers le Kilimandjaro non attaché (mais les pauses sont autorisées, par exemple pour dormir, faire ses besoins... !).
● Pas plus de 15 cm entre les jambes attachées.
● Le changement de la jambe attachée est autorisé.
● Enlever le lien au sommet
Et brandir la banderole CMT-France !

Ki-lié-mandjaro, c’est parti pour l’aventure !

J1 À l’aéroport Paris-Charles -de -Gaule, la banderole est prête !


J2 : arrivé à Nairobi après 8h de vol puis encore 1h de vol pour arriver enfin à l’aéroport du Kilimandjaro ! Une navette est venue nous récupérer ; direction Arusha ! Demain, lever 6 h pour le début de l’aventure !

Début de l’ascension !

Nous commençons l’ascension de la voie Lemosho, à environ 2 300 m d’altitude dans la forêt tropicale, sous le regard curieux de nos guides et des porteurs...
Les premiers pas à « trois jambes » sur le terrain boueux sont hésitants et nous faisons de notre mieux pour faire bonne impression devant l’équipe.
La chaleur, l’humidité et la pluie nous donnent rapidement un avant-goût des difficultés à venir... alors que nous commençons à peine notre ascension.
Nous ne décollons que brièvement les yeux de nos chaussures désormais boueuses pour apercevoir au loin le déplacement gracieux des singes bleus et des singes guéréza dont l’agilité d’arbre en arbre contraste avec l’allure pataude de notre escouade à trois pattes !





Les difficultés prennent de la hauteur !

À la fin du jour 3, alors que nous dépassons les 4 000 m, l’effort de la marche pieds liés rend notre acclimatation difficile. Nous ressentons pour la première fois les effets délétères de l’altitude et de son air appauvri en oxygène, qui rend nos respirations haletantes et durcit la pénibilité de notre effort. Puis, viennent les maux de tête, la nausée, et les vomissements pour Victor. Cette troisième nuit au camp Moir a intérêt à être sous le signe de la récupération, car le sommet nous semble encore bien loin !


Bienvenue sur la lune !

Le jour 4 commence par l’ascension de l’imposante “Lava Tower” à 4 600 m d’altitude que nous finissons par atteindre, au prix d’un sérieux mal de crâne. Nous entamons alors la descente vers le camp Barranco à 3 900 m et nous nous réjouissons de retrouver bientôt un air plus dense et vivable...
Le paysage désolé nous donne l’impression de descendre dans un cratère lunaire, mais l’atmosphère qui se charge de nuages courroucés au-dessus de nos têtes nous rappelle à la raison. Nous n’y échapperons pas aujourd’hui. La pluie est glaciale et rend la pente particulièrement difficile à pratiquer avec nos appuis incertains. C’est finalement avec 3 h de retard sur le programme que nous arrivons au camp, épuisé après plus de 8 h d’effort.


Face à un mur !

Le jour 5 commence avec appréhension. Depuis le début du périple, notre guide Emmanuel, dont l’instinct ne s’est jusqu’alors jamais trompé, nous avait prédit que le véritable test de cette ascension à 3 jambes serait le franchissement du ‘’Barranco Wall’’. Ce mur de 250 m de haut, bien que ne nécessitant pas d’escalade à proprement parler, contient les passages les plus étroits et les plus techniques de l’ascension du Kilimandjaro. Nous grimpons lentement, en débattant ardemment chaque placement de pieds, nos mains agrippant fermement les prises que le rocher nous offre. Ayant décidé de ne pas porter mes moufles pour plus de prise, la roche humide et froide du matin finit par congeler mes mains ; Théophile me fait don de ses gants. Nous passons en pas-chassé synchronisé la fameuse “kissing rock", un passage si étroit qu’il est d’usage de se coller à la roche et de l’embrasser. Trop concentrés sur nos pieds, nous oublions d’honorer la tradition ; nous espérons que la montagne ne nous en tiendra pas rigueur et promettons d’embrasser le sommet si nous en avons l’occasion !


Jour du sommet ! 1/2

Notre courte nuit a été rude et froide au refuge de Kosovo au-delà de 4 800 m. La toile de la tente s’est agitée comme une voile soumise aux vents d’une tempête, le vacarme du froissement a maintenu Théophile éveillé jusqu’au lever. La découverte de neige fraîche dans le sas de la tente annonce une ascension finale compliquée. Nous partons à minuit en espérant atteindre le sommet au lever du soleil afin de pouvoir bénéficier du reste de la journée pour descendre au plus bas et se mettre à l’abri des conséquences de la haute altitude. Dès le début, notre avancée dans la poudreuse est laborieuse. Nos chaussures légères de course, qui avaient jusqu’ici été très efficaces pour compenser le manque d’agilité de notre duo, révèlent maintenant leurs faiblesses dans ces conditions ; nos pieds sont rapidement trempés et à chaque pas nous glissons dans la pente en entraînant l’autre jusqu’à ce que nos crampons trouvent enfin une accroche favorable. Nous montons à la lumière de nos frontales, éclairant la trace en zigzag laissée par nos guides. Autour de nous la montagne noire se camoufle dans le ciel obscur, et les étoiles semblent alors l’arrêt le plus proche... Malgré un rythme très ralenti, la rareté de l’air nous force à reprendre notre souffle continuellement. Après quelques heures monotones, à force de se hisser sur des roches enneigées, l’imperméabilité de nos gants finit par céder et nous sentons le froid nous lécher les doigts. Lors d’une pause, Théophile tente de reprendre des forces, mais son camelback (sac à dos) est congelé, et le biscuit qu’il tente d’avaler finit à nos pieds dans une bouillie brunâtre et fumante. Le doute commence à s’installer dans le duo...
À suivre...

Jour du sommet ! 2/2

Nous continuons, chacun n’osant avouer à l’autre que nous perdons espoir de voir un jour le sommet. Nous finissons par atteindre le "Stella Point" à 5 739 m d’altitude. Quel soulagement ! Enfin le premier signe que nous avançons, et que nous ne sommes pas juste coincés sur un éternel tapis roulant de neige ! L’espoir renaît dans les rangs ! Plus que 45 minutes et nous y serons ! Le soleil se lève derrière nous tandis que nous arrivons à l’Uluru Peak à 5 895 m, un panneau givré nous annonce que nous sommes au point le plus haut de toute l’Afrique.
Nos guides et nous-mêmes nous embrassons, puis nous brandissons ensemble fièrement la bannière de CMT France ! C’est avec émotion que nous réalisons l’aboutissement de ce projet pour tous ceux qui souffrent de la maladie de Charcot-Marie-Tooth. Puis nous enlevons enfin ce lien qui nous a unis et entravés pendant ces 7 jours ! Il reste toute la montagne à descendre, mais ce sera le cœur léger sachant que le plus dur est derrière nous....
À suivre...

Sur la route du retour

Théophile et moi, Victor, avons gravi le sommet du Kilimandjaro (5 895 m) avec une jambe attachée à celle de l’autre (via la route de Lemosho), c’est-à-dire une ascension à trois jambes - la première du genre !
Nous avons pu réaliser ce projet grâce à l’équipe incroyable de guides locaux et de porteurs de Climbkili. Nous avons également bénéficié du soutien indéfectible de l’association contre la maladie de Charcot-Marie-Tooth, CMT France, et de sa présidente Martine Libany.

● Avec les jambes du milieu liées entre elles, chacun de nos pas devait être finement synchronisé avec le pas de l’autre pour éviter les à-coups inutiles qui participent rapidement à l’épuisement tant physique que psychologique. Lorsque le terrain devenait technique avec du dénivelé et des roches glissantes, nous devions nous mettre d’accord sur la position de chaque pied avant d’avancer ; à la moindre incompréhension, nous trébuchions et risquions de chuter. Nous passions donc de longues heures à nous concentrer sur nos chaussures et sur les obstacles en ne profitant que rarement du décor au risque de finir dedans !
● Lorsque nous avons exposé le projet à notre guide expérimenté Emmanuel, son silence perplexe en a dit long sur ses doutes quant à la possibilité d’une telle ascension. Avec plus de 15 ans d’expérience sur le Kilimandjaro, nous avions assurément besoin de ses conseils et de son pragmatisme pour venir à bout de cette première tentative à 3 jambes !
● L’ascension a eu lieu pendant la saison des pluies : l’humidité, le terrain rendu glissant et le froid ne nous ont pas facilité la tâche !
● L’altitude fut un problème de plus à gérer, aucun de nous deux n’a jamais été aussi haut. Nous avons dû nous acclimater au plus vite afin d’éviter un potentiel mal des montagnes, dont le risque est accru avec l’effort supplémentaire d’une montée à trois jambes, et qui aurait bien pu mettre en péril notre tentative !

P.-S.

Résumé :

Théophile et Victor ont gravi le Kilimandjaro, la plus haute montagne d’Afrique, les pieds liés ensemble ; c’est-à-dire la première ascension à 3 jambes ! Ils se sont lancés dans cette aventure pour récolter des fonds pour la maladie de Charcot-Marie-Tooth. Cette maladie génétique est la plus fréquente neuropathie (atteinte des nerfs) génétique ; elle se déclare dès le jeune âge et entraîne à terme des troubles de la marche et des déformations osseuses des pieds. Dans l’espoir d’apporter un éclairage nouveau sur cette pathologie : ils se sont confrontés au froid, à l’humidité et à la haute altitude, en pleine saison des pluies, le tout en réalisant constamment l’effort de synchronisation et d’équilibriste que représente une ascension les pieds liés.