Les différentes formes

Les différentes formes

Plus de 80 gènes impliqués !

La maladie de Charcot-Marie-Tooth est une maladie génétique héréditaire (il existe aussi des cas sporadiques, dits de novo). Les anomalies génétiques en cause concernent des gènes impliqués dans la production de protéines qui entrent dans la constitution ou le fonctionnement des nerfs. À l’heure actuelle, plus de 80 gènes ont été identifiés comme pouvant être responsables d’une maladie de Charcot-Marie-Tooth, mais 74 formes de CMT sont actuellement décrites.
Certaines formes, comme la CMT1A la plus fréquente, présentent une altération de la gaine de myéline qui protège et entoure les axones du nerf (formes démyélinisantes ou « dysmyélinisantes »). La gaine de myéline est produite par les cellules de Schwann, cellules indispensables à la survie et à la maturation des cellules nerveuses, les neurones.
D’autres formes de CMT, comme la CMTX ou la CMT12, affecte directement l’axone du nerf (formes axonales).

Les CMT se différencient selon l’anomalie génétique en cause, la partie des nerfs affectée, mais aussi le mode de transmission. Elles sont classées selon trois critères :

- la nature de l’atteinte du nerf périphérique déterminée d’après les vitesses de conduction nerveuse à l’électroneuromyogramme (ENMG) :

Axonale avec une vitesse de conduction nerveuse normale ou légèrement ralentie, supérieure à 40 m/s ; c’est surtout l’intensité (l’amplitude) de l’influx nerveux qui est diminuée).

Démyélinisante avec une vitesse de conduction nerveuse ralentie, inférieure à 35 m/s, en raison de l’atteinte de la gaine de myéline.

Intermédiaire ou Mixte avec une vitesse de conduction nerveuse intermédiaire entre 25m/s et 45m/s. Les patients présentent dans ce cas des caractéristiques des deux formes.

- le mode de transmission génétique : autosomique dominant, autosomique récessif ou lié à l’X :

• En cas de CMT à transmission autosomique dominante, la personne atteinte a 1 risque sur 2 de transmettre la maladie à ses enfants.

• En cas de CMT à transmission autosomique récessive, le parent atteint transmet toujours à ses enfants l’anomalie génétique dont il est porteur, mais aucun d’entre eux ne sera malade si le deuxième parent ne présente pas d’anomalie dans le même gène.

• En cas de CMT à transmission liée au chromosome X, qui est un chromosome sexuel, une femme atteinte a 1 risque sur 2 de transmettre la maladie à ses enfants, qu’ils soient filles ou garçons, tandis qu’un homme atteint ne la transmettra qu’à ses filles. Par ailleurs, les filles sont susceptibles d’être atteintes de façon moins sévère que les garçons.

- l’anomalie génique responsable de la maladie :

▪ Les deux premiers critères permettent de distinguer 6 grands types de CMT : CMT1, CMT2, CMT4, CMTX, DI-CMT et RI-CMT (historiquement, l’appellation CMT3 a été utilisée, mais a aujourd’hui disparu).

▪ Ces 6 grands types sont divisés en sous-types (1A, 1B, 1C..., 2A, 2B...). Chacun de ces sous-types correspond à une anomalie génétique touchant la fabrication d’une protéine.

Caractéristiques des CMT les plus fréquentes :

La forme la plus fréquente est la CMT1A (environ 55% des cas). Elle est liée à la duplication d’un gène appelé PMP22 qui altère la myéline au niveau des nerfs périphériques. Elle est dite évolutive car l’atteinte au niveau de l’axone augmente au fil du temps. La maladie se transmet sur le mode autosomique dominant.
Les autres CMT les plus fréquentes sont la CMTX1, la CMT2A et la CMT1B.

La Tomacula ou Neuropathie Héréditaire avec Hypersensibilité à la Pression

Une autre maladie proche de la CMT est appelée Tomacula ou Neuropathie Héréditaire avec Hypersensibilité à la Pression. Après compression d’un nerf, ces malades développent une neuropathie qui peut durer plusieurs mois. La récupération est, ensuite, très souvent complète. Elle se manifeste le plus souvent par une perte de sensibilité et une faiblesse musculaire qui apparaissent soudainement, généralement après un stress du nerf comme une compression, un étirement ou un mouvement répétitif. D’autres signes peuvent se présenter : pieds tombants, faiblesse dans les bras et les main, engourdissement, grande fatigue… Dans la moitié des cas, les patients récupèrent en quelques semaines, mais, dans certains cas, les troubles sensoriels et moteurs ne disparaissent pas.

La neuropathie tomaculaire fait partie des neuropathies sensitivo-motrices héréditaires mais ne peut pas être classée parmi les maladies de Charcot-Marie-Tooth. Malgré tout elle est "cousine" des CMT1A , car c’est la même protéine de la myéline (PMP22) qui est impliquée dans ces deux maladies. La neuropathie héréditaire est le plus souvent associée à une disparition (délétion) des informations génétiques codant pour PMP22 sur un des deux chromosomes alors que ces informations sont, au contraire, dupliquées dans la maladie de Charcot-Marie-Tooth de type CMT1A. Ainsi les malades atteints de neuropathie tomaculaire produisent moins de PMP22 que la normale alors que ceux atteints de CMT1A en produisent plus.